Pétale
En jouant avec l’analogie entre la fleur et le sexe féminin, la série Pétale de Bex Day brise les tabous et célèbre le vagin dans toute sa diversité.


Jusqu’à il n’y a pas très longtemps, mon vagin n’était qu’une source d’anxiété. J’ai perdu ma virginité il y a trois ans, en partie parce que j’étais extrêmement mal à l’aise à l’idée de montrer à quelqu’un d’autre ce que je considérais comme mon point faible. À cause du porno et de diverses images, j’ai cru que mon vagin était anormal. Alors quand j’ai finalement eu des rapports sexuels, c’était plus que du plaisir.

Je pense que le manque de diversité de vagins et de représentations du sexe à l’écran et dans les médias peut avoir des effets néfastes sur les jeunes. Il est temps de banaliser ce magnifique organe féminin !

J’ai grandi dans une famille où la nudité était la norme. Mais à la puberté, j’ai commencé à ne plus aimer mon vagin, principalement à cause de ceux des films pornographiques, stéréotypés. J’avais honte de mes poils pubiens roux, alors je les rasais ou les épilais toujours, à la cire ou à la crème dépilatoire. Il ne m’est jamais venu à l’esprit que je pouvais garder mes poils roux à cet endroit-là. Et que je pouvais les avoir aussi longs que je voulais.

Je n’ai jamais trop réfléchi à l’aspect de mon vagin, ce qui vient sans doute du fait que je ne sais pas vraiment à quoi il ressemble. En grandissant, je ne l’ai jamais vraiment regardé, je ne l’ai jamais jugé, en mal ou en bien. Je suppose que je n’avais pas d’opinion particulière à son sujet, principalement parce que je n’étais pas vraiment gênée par son apparence.

Nous avons si rarement l’occasion de comparer nos vagins avec ceux d’autres filles que je me sens souvent très laide, très vite, à cet endroit-là et j’oublie que quelle que soit la couleur d’un vagin, quelle que soit sa forme, il est beau. Et avec cette démarche, je me suis sentie aussi jolie qu’une fleur.

Ayant été élevée dans une famille catholique, j’ai toujours été pudique, surtout en ce qui concerne mes parties intimes. Même si je me suis rebellée dans les années 1970 et que j’étais un peu fofolle, je n’ai jamais perdu cette pudeur vis-à-vis de mon vagin. Je n’ai jamais voulu prendre de bain de soleil nue et je préfère faire l’amour lumière éteinte.
La photographe Bex Day est partie d’un constat simple : lorsqu’il n’est pas tout simplement caché, le sexe féminin n’est que très rarement représenté pour sa singularité. Un tabou entretenu par un vocabulaire qui biaise notre rapport à la réalité. Comme le mot vagin et ses synonymes (« pussy », « cunt », « gash », comme le précise l’artiste anglaise) sont souvent utilisés de manière péjorative et dégradante, on emploie un vocabulaire opposé pour l’apprentissage des enfants, puisque l’on parle de « petite fleur ». Une opposition sémantique qui sème inconsciemment le trouble et dont les échos se retrouvent autant dans la culture populaire que pornographique. Au-delà des amalgames, Bex Day a réalisé la série Pétale pour célébrer le caractère unique de chaque vagin, en les couvrant d’un unique pétale. Intime, artistique et politique, ces portraits sont complétés par un message partagé par chacune des femmes photographiées.